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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2008-04-14

Messe et Mission

La question suivante m’est parvenue du Comité de réflexion théologique de Développement et Paix à l'occasion du Congrès eucharistique international: «L’Eucharistie a-t-elle quelque chose à voir avec le travail de solidarité sur le plan local ou international? Si oui, quel sens lui donnez-vous à partir d’un tel engagement?» Voici ma réponse.

Mon engagement dans Développement et Paix, comme tous mes engagements humains et chrétiens, trouve sa source et sa nourriture dans la Célébration eucharistique. Pour moi, la dernière partie de la Messe se prolonge dans toute ma vie. À partir du Notre Père, de la prière pour la Paix et l’échange de la Paix, en passant par la communion au Christ ressuscité (l’Envoyé du Père qui m’envoie faire comme lui), jusqu’à la bénédiction et l’envoi suivis du chant d’envoi, je me sens inséré dans un mode missionnaire. La Messe devient pour moi un tremplin, un envoi en mission, qui me dynamise pour servir mes frères humains au cours de ma semaine. Je reçois la Paix en personne pour devenir un artisan de Paix dans mon milieu (et dans tous les coins de la planète grâce à mon engagement dans Développement et Paix).

La Messe a une dimension sociale. Le « Faites ceci en mémoire de moi » ne s’applique pas seulement au Rite eucharistique, mais aussi à l’imitation du Serviteur qui revêt le tablier pour laver les pieds de ses disciples. Si la Messe ne se prolonge pas dans le service des pauvres, dans l’engagement, il y a une dimension qui manque. Si la Messe est «la fraction du pain», si le pain est brisé et partagé symboliquement au cours de l’Eucharistie, c’est pour nous inciter à faire de même au cours de notre vie par le partage de nos ressources avec les pauvres. « Ma » communion n’est pas seulement l’union au Christ, elle est l’union à son Corps qui est l’Église. Si la Messe n’est qu’une affaire privée sans prolongation sociale, si elle ne porte pas dans ma vie des fruits d’entraide, de solidarité, de justice, de dévouement, d’engagement, de développement et de paix, je passe à côté de quelque chose d’essentiel. Quand je célèbre l’Eucharistie, je viens regénérer mes liens au Serviteur qui veut par moi rejoindre ses frères dans le besoin.

Chaque Eucharistie renouvelle de mystère de la Pâque qui est un mystère de libération du mal sous toutes ses formes, par la Mort-Résurrection du Christ. La Pâque juive commémore la libération des juifs du pays de l’esclavage. Notre Célébration eucharistique est aussi un passage de l’esclavage à liberté, de la mort à la vie. En y participant, je suis relevé d’entre les morts avec le Christ, afin de me mettre en marche vers tous ceux et celles qui sont courbés sous le poids des injustices, pour les aider au nom du Christ à se redresser et à devenir à leur tour des porteurs de Résurrection. Le Christ eucharistique qui vient briser les chaînes de nos esclavages désire que nous devenions pour notre prochain (proche et lointain) des briseurs de chaînes. Le travail pour le développement humain est une œuvre humaine et chrétienne qui applique au monde les fruits de la Rédemption dont nous bénéficions dans l’Eucharistie.

Le Christ nous a dit de célébrer son Repas pascal jusqu’à ce qu’il revienne. Nous le proclamons à chaque Messe après le Récit de l’institution : « Nous attendons ta Venue dans la Gloire. » La paix universelle dans « les cieux nouveaux et la terre nouvelle », dont l’Eucharistie est le germe et l’anticipation, est le modèle du genre de société à laquelle nous devons tendre par nos engagements. Nous sommes loin d’y être parvenus, mais la vision de la Terre promise dont l’Eucharistie est le gage nous stimule à travailler pour l’instaurer un peu plus dans le monde d’aujourd’hui.

1 commentaires:

  • À 3:19 p.m. , Anonymous Anonyme a dit...

    La vie des saints témoigne en effet que l'amour de Dieu conduit à l'amour du prochain. Car comme le dit saint Jacques, celui qui n'aime pas son prochain, n'aime pas Dieu. Le signe que vous serez mes disciples, dit Jésus, c'est l'amour que vous porterez les uns pour les autres. L'encyclique de Benoît XVI l'explique longuement.
    l'eucharistie est, en effet, l'action de grâce de l'Église pour son passage (sa pâque) de l'esclavage à la liberté. Mais de quoi sommes nous esclave ? de quoi sommes nous libérés ? Quel est notre Pharaon ? Sommes nous vraiment libérés des injustices que nous vivons, que nous endurons ? Jésus nous appelle-t-il à la révolte, à la rébellion, à la révolution politique et sociale ? Quelles sont les chaînes qu'il brise ? Jésus ne change pas notre histoire, il ne modifie pas la réalité mais il nous donne de la voir autrement, de la vivre différemment. L'Esprit Saint nous éclaire sur la vie, il nous défend face à l'accusateur, face à celui qui ne cesse de nous dire que rien ne va, que l'histoire est mal faite, que les événements sont mauvais, que nous sommes aussi mauvais.

     

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