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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2014-12-31

La Porte de l'année


Chères personnes aimées de Dieu
qui habitez mon carnet de courriels,
à vous «Bonne et Heureuse Année!»

Pour votre plaisir, un poème que je trouve approprié
pour le Jour de l'an.


Dieu sait

Je dis au Gardien de la Porte de l'année:
«Donne-moi une lampe
pour avancer en sécurité vers l'inconnu.»

Il me répondit: «Avance dans la nuit
et mets ta main dans la Main de Dieu.
Ce sera mieux qu'une lampe
et plus sûr qu'un chemin bien connu.»

Je sortis donc et, prenant la Main de Dieu,
j'avançai allégrement dans la nuit.
Il me guida vers les collines
et le soleil levant de l'orient désert.

Du calme, mon cœur!
Pourquoi les humains se font-ils du souci,
si Dieu sait tout d'avance?

Dans l'agitation des jours
tristes ou gais,
Dieu cache bien son jeu.

(Minnie Louise Haskins écrivit «God Knows», mieux connu sous le titre «The Gate of the Year». en 1908.)


ALBERT LOZIER
1582, promenade Alta Vista, Ottawa, ON K1G 0G3

2009-02-25

C’était mon père

Augustin Lozier était le genre de personne que la plupart des gens qualifieraient de chanceux, choyé par la vie. Il est né à Tracadie en 1913. Il a grandi dans une famille nombreuse et unie, d’une composition idéale pour lui : un garçon, quatre filles, Augustin, quatre filles, un garçon. Il n’a jamais manqué de soutien et d’affection. Il n’a jamais eu besoin de lutter pour se distinguer de ses frères. Il a eu la chance de travailler très jeune comme bûcheron avec son père. Ce dernier lui aussi a montré à jouer du violon. Les jeunes ont profité en plein de l’âge d’or de la radio en apprenant et jouant la musique populaire de cette époque. Augustin savait par cœur pour les chanter à la guitare les chansons de Jimmy Rogers, Avec ses sœurs Alma et Rita et avec des amis, il a régulièrement fait danser les gens dans les veillées.

À trente ans, sa vie a pris un tournant quand il a remarqué Rita Fortin sur la patinoire. Quand il a amorcé des fréquentations, un de ses atouts était le fait qu’il était propriétaire d’une voiture. Leurs deux personnalités étaient faites pour s’entendre et ils ont décidé de s’unir pour fonder une famille. Ils eurent cinq enfants qui leur ont causé des soucis, c’est dans l’ordre des choses, mais dont ils ont aussi retiré beaucoup de satisfaction. Dans son portfolio, où Augustin avait une photo de chacun de ses projets de soudure ou de menuiserie, il y avait une photo des cinq garçons qu’il se plaisait à signaler comme ses créations. Augustin et Rita ont vécu à Brunetville puis à Kapuskasing. Le chalet au lac Rémi construit par Augustin était un lieu paradisiaque pour leurs jeunes qui grandissaient et plus tard pour les trois petits-enfants. Un exploit mémorable fut la fois ou trois générations de Lozier montèrent conjointement sur les skis nautiques, tirés par le même bateau moteur: Augustin, moi-même et mon fils Jean-François.. Augustin a eu le bonheur de vivre 65 ans avec sa femme Rita, une femme pour laquelle il a eu une admiration et une affection sans borne. Il se savait choyé de Dieu pour avoir reçu un tel cadeau. Jusqu’à son mariage il donnait son chèque de paye à sa mère, après il le donnait à Rita, en qui il s’est toujours fié pour la gestion des finances.

Pendant 38 ans, Augustin a travaillé au moulin à papier. Il se comptait chanceux d’avoir décroché cet emploi comme jeune homme et, assez rapidement, il est devenu chef de machine. Mon père avait ce qu’on appelle aujourd’hui des difficultés d’apprentissage, qui font qu’il avait de la difficulté à lire et à écrire. Lorsqu’on lui a offert le poste de contremaître pour lequel on l’estimait capable, il a refusé parce qu’il se trouvait incompétent du côté paperasse. Il répétait souvent qu’il adorait son travail, qu’il était heureux e se lever pour aller travailler. La camaraderie, les occasions de montrer son talent dans la résolution de problèmes, sa fierté d’être responsable d’une grosse machine à papier le comblaient. Il disait qu’il passait beaucoup de temps à somnoler ou à jaser parce qu’il savait éviter les bris de sa papier. Quand il se tournait les pouces la compagnie faisait de l’argent.

Augustin était reconnu pour son talent de raconteur d’histoires drôle au timing parfait. Il aimait aussi prendre des photos et se faire photographier (il avait le sens de la mise en scène). Au moment de la retraite, il fut très fier quand on lui demanda d’aller participer à l’installation d’un moulin à papier au Mexique et à la formation des travailleurs. Comme beaucoup de gens à la retraite, Augustin et Rita se sont tournés vers les activités de loisir et les voyages. Augustin, qui n’avait jamais fait partie d’aucune association, s’est intégré à des groupements de retraités où on appréciait ses habiletés de bricoleur et son entre-gens. Mes parents sont allés quelques hivers en Floride et une douzaine d’hivers au Mexique, ou ils étaient heureux de retrouver des bons amis qui estimaient Augustin comme un aîné qui savait vieillir en beauté. Un an avant son décès, Augustin et Rita ont passé un mois au Mexique. À 94 ans!

Au cours du mois d’août 2008, Augustin s’est brisé le fémur et son séjour à l’hôpital s’est prolongé. On ne sait pas pourquoi, mais bien que l’os fut guéri,, il n’a jamais réappris à marcher, mais il se déplaçait en chaise roulante. Rita allait le voir chaque jour, la plupart du temps pour lui aider à souper. Les six mois dans les soins à longue durée furent une période difficile pour lui et pour nous, car sa santé physique et mentale se détériorait rapidement. Il avait des moments de lucidité et des moments avec des hallucinations. Les deux dernières semaines, il luttait contre des troubles respiratoires et la communication était très difficile (il était dur d’oreille et sa voix était de plus en plus éteinte). Par cadeau du ciel, Rita et mon frère Michel (qui était venu pour soutenir ma mère) on pu assister à ses derniers soupirs. On peut remercier le Seigneur pour 94 belles années en forme et aussi pour la relativement courte période de descente et de dépouillement où il a été accompagné par le dévouement de sa moitié et le soutien de la parenté et des amis.

Je me compte chanceux d’avoir eu des parents comme Rita et Augustin. Leur harmonie conjugale et leur art de vivre et de vieillir en beauté sont pour nous un idéal à rechercher. Je sais que mon père de la terre est aujourd’hui avec mon Père du ciel. Je sais que je le reverrai et que nous partagerons un jour la même vie de résurrection. Sans vouloir parler des valeurs humaines profondes de mon père, je veux conclure en disant que j’ai demande pour la liturgie de Résurrection que le texte de l’évangile soit les béatitudes proclamée par Jésus. Augustin sans s’en rendre compte, a vécu l’esprit des béatitudes.

2009-01-06

Le message final du Synode sur la Parole de Dieu

Voici un résumé personnel du «Message du synode sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église», approuvé le vendredi 24 octobre 2008, au terme de la XIIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Les pères nous proposent un voyage spirituel en quatre étapes.
I. LA VOIX DE LA PAROLE: LA RÉVÉLATION
a) La création: La première révélation de Dieu est le livre de la création où nous pouvons lire le message de Dieu Créateur.
b) L’histoire: La Parole de Dieu est agissante et salvatrice dans l’histoire des humains. Il y a une présence divine dans les événements humains, qui sont inscrits dans un plan d’amour, un dessein de salut.
c) Les Saintes Écritures: La Parole de Dieu se manifeste aussi dans les Écritures qui sont un mémorial attestant l’événement de la Révélation créatrice et salvatrice. La Parole de Dieu précède et dépasse la Bible écrite, qui est cependant inspirée par Dieu et qui présente la Parole divine efficace.
d) La Personne de Jésus Christ: Notre foi n’a pas en son centre uniquement un Livre, mais une Histoire de salut et une Personne, Jésus Christ, révélateur du Père, Parole de Dieu faite chair.
e) La Tradition: Parce que l’horizon de la Parole divine embrasse et s’étend au-delà de l’Écriture, la présence constante de l’Esprit est nécessaire. La grande Tradition est la présence efficace de l’Esprit dans l’Église, gardienne et communicatrice des Saintes Écritures.
II. LE VISAGE DE LA PAROLE: JÉSUS-CHRIST
En Jésus Christ, donc, la Parole éternelle et divine entre dans l’espace et dans le temps, prend un visage et assume une identité humaine («le Verbe s’est fait chair»).
La Tradition chrétienne a souvent mis en parallèle la Parole divine qui se fait chair avec cette même Parole qui se fait livre. «Les Paroles de Dieu, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage des hommes, tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant assumé les faiblesses de la nature humaine, se fit semblable aux hommes.» (Vatican II, Dei Verbum, 13)
Cette dimension «charnelle» fait que l’Écriture nécessite une analyse historique et littéraire (l’exégèse biblique). La connaissance exégétique doit s’insérer dans la Tradition spirituelle et théologique, pour que ne soit pas brisée l’unité divine et humaine de Jésus-Christ et des Écritures.
L’ensemble des Écritures témoigne d’un seul dialogue entre Dieu et l’humanité, prolongé dans le temps, en un dessein unique de salut. Parce qu’au cœur de la Révélation, il y a la Parole divine devenue visage en Jésus Christ, la visée ultime de la connaissance de la Bible est le contact avec un Événement, la rencontre avec une Personne.
III. LA MAISON DE LA PAROLE: L’ÉGLISE
L’Église continue d’être la gardienne, l’annonciatrice et l’interprète de la Parole. «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et dans les prières». (Actes 2,42) Quatre colonnes soutiennent la maison de la Parole qu’est l’Église.
a) De l’Église, maison de la Parole, provient la voix enseignante qui propose à tous le kérygme, annonce première et fondamentale du salut. Dans l’Église résonne ensuite la catéchèse, destinée à approfondir chez le chrétien l’intelligence du mystère du Christ à la lumière de la Parole. Le point culminant de la prédication réside dans l’homélie, où le ministre devrait se transformer également en prophète.
b) Dans l’Église, maison de la Parole, la fraction du Pain eucharistique succède à l’homélie. «L’Église a toujours témoigné son respect à l’égard des Écritures, tout comme à l’égard du Corps du Seigneur lui-même, puisque, surtout dans la Sainte Liturgie, elle ne cesse de prendre le Pain de Vie et de le présenter aux fidèles, à la table de la Parole de Dieu comme à celle du Corps du Christ.» (Vatican II, Dei Verbum, 21)
c) La troisième colonne de l’Église, maison de la Parole, est constituée par les prières. Une place privilégiée est naturellement occupée par la Liturgie des Heures, les célébrations communautaires de la Parole et la pratique de la Lectio divina (lecture orante du Texte sacré, méditation, prière et contemplation).
d) La dernière colonne qui soutient l’Église, maison de la Parole, est la communion fraternelle. Pour devenir frères et sœurs de Jésus, il faut être «ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique». (Luc 8, 21) Les autres Églises et communautés ecclésiales partagent avec nous la vénération et l’amour de la Parole de Dieu, principe et source d’une première et réelle unité.
IV. LES CHEMINS DE LA PAROLE: LA MISSION
La communication, de nos jours, s’étend en un réseau qui enveloppe le globe. La voix de la Parole divine doit résonner à travers la radio, l’internet, les CD, les DVD, etc. Elle doit apparaître sur les écrans de télévision et de cinéma, dans la presse, au sein des événements culturels et sociaux. En un temps dominé par l’image, le modèle privilégié par le Christ est encore aujourd’hui significatif et suggestif: il avait recours au symbole, à la narration, à l’exemple, à l’expérience quotidienne, à la parabole.
La famille est un espace fondamental dans lequel doit entrer la Parole de Dieu. La transmission de la Parole de Dieu se fait à travers la lignée des générations, ce qui fait que les parents deviennent les premiers à faire connaître la foi.
Dans les Écritures, ce qui domine surtout est la figure du Christ, lui qui débute son ministère public par une annonce d’espérance: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.» (Luc 4, 18-19) Dans sa solidarité d’amour et par le sacrifice de lui-même, le Christ dépose, dans la limite et dans le mal de l’humanité, une semence de divinité, un principe de libération, nous ouvrant l’aube de la résurrection. Le chrétien a donc la mission d’annoncer la Parole divine d’espérance par son partage avec les pauvres, par le témoignage de sa foi dans le Royaume, par sa proximité amoureuse avec les souffrants.
Sur les chemins du monde, la Parole divine engendre une rencontre et un dialogue avec le peuple juif d’abord, ainsi qu’avec l’Islam, les grandes traditions religieuses de l’Orient, les religions traditionnelles, etc. La Bible est nécessaire, non seulement aux croyants mais à tous, afin de redécouvrir les significations authentiques des diverses expressions culturelles et surtout pour retrouver notre propre identité historique, civile, humaine et spirituelle.
Mais la Parole de Dieu n’est pas enchaînée à une culture. L’Église doit faire pénétrer la Parole de Dieu dans la pluralité des cultures et l’exprimer selon leurs langages, leurs conceptions, leurs symboles et leurs traditions religieuses, tout en conservant la véritable substance de ses contenus. L’Église doit faire briller les valeurs que la Parole de Dieu offre aux autres cultures, afin qu’elles en soient purifiées et fécondées.
CONCLUSION
Approchons-nous de la table de la Parole de Dieu, de manière à nous en nourrir et à en vivre. Faisons résonner la Parole de Dieu au début de notre journée afin que Dieu ait le premier mot et laissons-la retentir en nous le soir afin que le dernier mot soit de Dieu.

2008-11-21

La divinisation

Ma fille Anne-Marie me demande de lui parler de «la doctrine de la déification», car une de ses relations est en train de rédiger un mémoire de maîtrise sur le sujet. Le mot déification est synonyme de divinisation (en français), theosis (en grec), deiformitas (en latin).

Dieu, parfaitement heureux et autosuffisant en sa Trinité, a quand même décidé de créer des êtres libres et doués de raison pour établir avec eux une relation d’amitié. Les êtres humains ont choisi de briser le lien d’amour avec leur Créateur. Dieu a alors choisi de devenir pleinement humain en Jésus Christ afin de rétablir cette union. L’initiative de la création, de l’incarnation, de la rédemption, de la résurrection, de la glorification, vient uniquement et pleinement de Dieu.

Saint Athanase résume admirablement la divinisation: «Dieu est devenu humain pour que l’homme devienne divin.» Jésus est l’homme-Dieu. L’unité entre l’humanité de Jésus et la divinité de la Seconde Personne de la Sainte Trinité est parfaite, incomparable, inimitable. Jésus est divin par nature. Nous, les humains, sommes divins par participation à la divinité de Jésus. Dans la mesure où nous sommes unis à Jésus, nous sommes divinisés.

Devenir divin, c’est notre vocation, notre raison d’être. Nous sommes créés par Dieu pour parvenir à une union avec lui qui fera que nous participerons, autant qu’il est possible à des êtres créés de le faire, au Bonheur trinitaire. L’amour d’amitié ne peut exister qu’entre deux égaux. En Jésus, Dieu, qui veut nous aimer d’un amour d’amitié, se fait notre égal et fait de nous ses égaux. En Jésus, l’unique et parfait Médiateur, Dieu est à notre portée et nous sommes à la portée de Dieu.

Dans l’Écriture, la réalité de la divinisation est exprimée de diverses façons: nous sommes corps du Christ, temple du Saint Esprit, frères du Christ, enfants de Dieu. On parle aussi de nouvelle naissance, d’adoption filiale, de sanctification, de transformation, d’assimilation. Ce dernier terme signifie que nous sommes transformés à l’image de Dieu dans la mesure où nous sommes semblables/unis (assimilés) au Christ par l’action du Saint Esprit.

La divinisation, qui est l’œuvre de Dieu, est attribuée à l’Esprit Saint. Jésus ressuscité est le modèle de ce que nous sommes appelés à devenir par la grâce de Dieu (voulue par le Père, méritée par Jésus, accomplie par l’action de l’Esprit Saint) et la collaboration de chacun et chacune d’entre nous. Cela dépasse nos capacités humaines, mais c’est possible avec l’aide de la grâce. La capacité de voir Dieu tel qu’il est (que Dieu nous donnera au ciel, à la résurrection) est la plus grande de toutes les merveilles de la création, car elle abolit la distance infinie entre le créé et l’Incréé, la créature et le Créateur.

Cette divinisation est réelle et actuelle, mais présentement cachée, invisible, souterraine, surnaturelle. Cela se passe dans les profondeurs de notre être. La partie corporelle de notre être participera, lors de la résurrection, à cette divinisation, car la divinisation sera totale, atteignant tout notre être en toutes ses dimensions. Au cours de notre vie terrestre, l’action de l’Esprit ne se manifeste pas souvent de façon évidente ou rapide, mais elle peut parfois avoir chez certains un retentissement intérieur ou même corporel. Ces manifestations sensibles sont comme un gage (un petit aperçu) de ce que nous serons dans la vie après la résurrection. Mais cette vie éternelle, divine, est déjà présente à l’intérieur de nous.

Le Fils est Dieu de toute éternité. Par notre union au Christ, par pure grâce, nous lui devenons semblables. Sans l’action de l’Esprit Saint, nous ne pourrions aucunement devenir comme Dieu, ni atteindre à l’union avec Dieu à laquelle la Trinité nous appelle et nous destine. Par grâce, lorsque nous verrons Dieu tel qu’il est, nous lui deviendrons semblables. Plus nous sommes unis au Christ et plus nous lui sommes semblables, plus nous sommes unis à Dieu et plus nous serons divins. Nous pouvons et devons coopérer aujourd’hui à notre divinisation en profitant des moyens à notre disposition pour vivre une vie surnaturelle: sacrements, parole de Dieu, prière, mise en œuvre des vertus théologales et morales, engagement, etc.

2008-08-15

Rôle d'un Conseil paroissial de pastorale

Le texte qui suit s’intitulait «Avis de recherche» et fut d’abord destiné à la paroisse Nativité-de-Notre-Seigneur-Jésus-Christ, d’Ottawa. Une raison pour le poster comme blogue est que parfois il n’y a rien de tel qu’un exemple très concret pour mieux comprendre un concept général.

«Nous recherchons des paroissiennes ou paroissiens qui voudraient s’engager comme membres du Conseil paroissial de pastorale de la Nativité. Si, après avoir réfléchi et prié, vous jugez que ce n’est pas pour vous une façon appropriée de rendre service à la paroisse, peut-être aurez-vous la bonne idée d’encourager quelqu’un d’autre à le faire.

C’est quoi le Conseil paroissial de pastorale ou CPP? Faisons d’abord la distinction entre le CPP et les divers Comités de la paroisse. Les Comités ont chacun un domaine de responsabilité, un travail précis à faire, ils sont orientés vers l’action. Le CPP, lui, est un Conseil, son travail est de réfléchir et d’agir au besoin. Sa responsabilité est très globale : il s’agit de veiller à l’ensemble de la vie et de l’avenir de la paroisse.

Les divers comités de notre paroisse sont tous très dynamiques et porteurs de vie. Un CPP vigoureux est cependant très important à ce moment ici de l’histoire de notre paroisse, où nous sommes appelés à prendre un nouveau tournant en partageant nos prêtres avec nos deux paroisses-soeurs.

Le rôle du CPP est triple :

- Il doit représenter la paroisse au niveau de l’unité, de la région et du diocèse.

- Il doit ajuster les priorités pastorales du diocèse, de la région et de l’unité à notre situation paroissiale.

- Il doit, surtout, promouvoir la vie de notre paroisse et orienter son avenir.

Sa responsabilité est d’abord au niveau de la réflexion, de la représentation et de l’orientation, mais il peut décider de lancer et coordonner des projets paroissiaux qui stimulent le sens de l’appartenance et qui raffermissent notre identité paroissiale. Par exemple, un projet mobilisateur et rassembleur pour l’année 2008-2009 serait la célébration du 50e anniversaire de la fondation de notre paroisse.

Un autre domaine auquel le CPP doit s’intéresser est l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants dans la paroisse, y compris l'accueil de nos deux nouveaux prêtres. Il faudra aussi aider les paroissiens à s'adapter à un nouveau contexte : en vérifiant comment ils se sentent, en les informant, en répondant à leurs questions.

Plus le CPP comptera de membres, plus il sera facile de partager les responsabilités selon la disponibilité et les talents de chacune et de chacun. Même si vous avez déjà des engagements, n’hésitez pas à communiquer avec nous pour donner votre nom ou pour en savoir plus long. Rien ne vous empêche de faire un essai de quelques mois, pour voir si c’est bien votre mission paroissiale personnelle.»


2008-07-31

Suradorable

Une de mes récompenses pour avoir assisté au Congrès eucharistique international 2008 à Québec est un souvenir que je m’y suis acheté, le volume «Il suffit d’une foi / Marie et l’Eucharistie chez les fondateurs de la Nouvelle-France», publié chez Anne Sigier par un groupe de cinq spécialistes sous la direction de madame Thérèse Nadeau-Latour. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une série d’études sur la foi mariale et eucharistique de nos fondateurs : les premiers Jésuites, Marie de l’Incarnation, Catherine de Saint-Augustin et François de Laval.

J’avance dans ma lecture, étant présentement en compagnie de Marie de l’Incarnation avec madame Nadeau-Lacour comme guide. Après avoir exploré la relation de Marie Guyart avec la Vierge Marie, elle présente une analyse de sa spiritualité eucharistique. Il y a de nombreuses et longues citations tirées des Relations et de la Correspondance.

J’ai été frappé par l’usage du mot «suradorable» que j’ai remarqué dans les expressions «suradorable Sauveur» et «suradorable Verbe Incarné». Ce mot jusqu’alors inconnu pour moi dont le sens est évidemment superlatif, «très adorable», «extrêmement adorable» m’incita à faire une recherche dans Google. Marie Guyart n’est pas la seule de son époque à se servir de ce mot, mais l’usage en est fréquent chez elle. Je relève, en vrac :

- unité suradorable, ineffable, incompréhensible

- le suradorable Esprit de Jésus

- le suradorable Coeur de Jésus

- cette suradorable Personne

- ce divin et suradorable Maître

- le suradorable mystère de la très sainte Trinité

- cette suradorable Majesté

- mon suradorable Époux

Voici quelques éléments qui m’ont frappé au sujet de la foi et de la pratique eucharistique de Marie Guyart. Elle communiait chaque jour à une époque où cela n’était pas du tout usité. Ses expériences mystiques étaient si vives que l’on peut se demander si sa foi n’était pas devenue une certitude. Je cite : «Quand tout le monde ensemble lui aurait dit que celui qui est dans l’Hostie n’est pas le suradorable Verbe Incarné, elle mourrait pour assurer que c’est lui.» (Relation de 1654). Comme Mère Teresa, elle refaisait ses forces usées au service du prochain dans la sainte Communion et au pied du Saint-Sacrement. Pour elle, le Christ eucharistique est l’aliment de sa vie intérieure et de sa vie apostolique.

De nos jours, on ne prise pas la voie spirituelle de la victime («Je me suis donnée à Dieu pour victime»), mais, si on cherche à comprendre, on s’aperçoit que c’est pour Marie Guyart une manière de s’unir au Sacrifice de Jésus qui est oblation, don de soi parfait, Elle-même exprime clairement son intention : «M’offrir en continuelle hostie au Père Éternel sur le cœur de son Bien-aimé Fils.» Vers la fin de sa vie, elle insiste : «Je ne veux ni pour vous ni pour moi qu’un perpétuel état de victime.»

Marie de l’Incarnation n’était pas le genre dévotions extérieures, mais elle révèle, à l’insistance de son fils Dom Claude Martin, la «Prière au Père Éternel par le suradorable Cœur de Jésus», prière qu’elle fait chaque soir pendant plus de trente 30 ans avant de s’endormir. En voici quelques extraits qui me frappent : «C’est par le Cœur de mon Jésus, ma Voie, ma Vérité et ma Vie, que je m’approche de vous, ô Père Éternel. […] Je fais en esprit le tour du monde pour y chercher toutes les âmes rachetées par le Sang très précieux de mon divin Époux, afin de vous satisfaire pour toutes par ce divin Cœur. […] Sur cet adorable Cœur, je vous présente tous les ouvriers de l’Évangile, afin que par ses mérites vous les remplissiez de votre Esprit-Saint.» (Pour le texte complet de cette prière dite «Prière apostolique», voir http://www.nosracines.ca/e/page.aspx?id=3919413.)

2008-07-29

La stupeur eucharistique


J’ai entendu l’expression «la stupeur eucharistique» pour la première fois lors du Congrès eucharistique 2008 à Québec, de la bouche du témoin Nicolas Buttet (prêtre, fondateur de la Communauté Eucharistein, de Suisse).

J’ai cherché sur Internet et il semblerait que c’est le pape Jean-Paul II qui aurait parti le bal en 2003, dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia. Le mot latin « stupor », qui se retrouve aux paragraphes 5 et 6, est traduit par « admiration » dans la traduction française officielle du Vatican.
- Haec nos cogitatio ad affectus perducit magni gratique stuporis.
Penser à cela fait naître en nous des sentiments de grande et reconnaissante admiration.
- Semper oportet hic stupor Ecclesiam pervadat in eucharistica Celebratione congregatam.
Cette admiration doit toujours pénétrer l'Église qui se recueille dans la Célébration eucharistique.
- Illum cupimus eucharisticum "stuporem" his Litteris Encyclicis rursus excitare.
Par la présente encyclique, je voudrais raviver cette « admiration » eucharistique.

Le mot latin « stupor » et le mot français « stupeur » ont plusieurs sens, mais celui qui nous intéresse est justement celui d’admiration (=émerveillement étonnement, ébahissement, saisissement, éblouissement).Peut-être une traduction plus juste serait « stupéfaction ».

Le mérite de Nicolas Buttet est d’avoir collé au texte latin en répétant et diffusant (popularisant?) l’expression « stupeur eucharistique » qui est bien plus percutante et surprenante que « admiration eucharistique ».

Les non pratiquants manquent de stupeur, mais bien des pratiquants aussi, moi le premier. J’avoue être loin de ressentir de la stupeur devant la grandeur du mystère eucharistique. Je suis plutôt blasé, familier, accoutumé. À force de fréquenter la messe, je suis devenu un habitué. Je n’ai plus les mêmes égards, la même estime pour le Sacrement sublime. J’ai perdu l’émerveillement du nouvel époux devant sa bien-aimée, de la mère devant son nouveau-né.

J’ai la foi, j’ai du respect pour le Mystère eucharistique, que j’exprime avec sobriété. Je m’efforce d’être attentif lors de la Célébration; j’essaye de communier en disant ma foi au Christ ressuscité qui est Pain de Vie; je crois à la Présence réelle de Jésus dans l’Hostie du Tabernacle. Mais j’avoue que j’en fais si peu de cas.

Comment cultiver en moi un sentiment de stupeur devant l’Eucharistie? Comment éveiller en moi un sentiment d’émerveillement devant la présence étonnante du Christ ressuscité dans l’Eucharistie (Sacrifice, Aliment, Présence)?

Afin que nous puissions retrouver de la vigueur dans la foi et l’adoration, Nicolas Buttet invite à fréquenter l’Eucharistie en dehors de la Célébration eucharistique. Il dit que s’exposer de façon prolongée à la présence réelle de Jésus dans le Saint-Sacrement permet d’entrer progressivement dans la stupeur eucharistique.

Ce n’est plus une exposition du Saint-Sacrement, mais une exposition au Saint-Sacrement (comme on s’expose au soleil pour la peau brunie et la vitamine D). Il ne s’agit pas d’être passivement présent, mais d’être attentif, de prier, d’admirer, d’adorer (avec des paroles et au-delà des paroles.)

Je devrais nourrir mon respect, pour qu’il prenne de la force et devienne émerveillement et adoration, stupeur reconnaissante. Ce serait exigeant pour moi (contre nature), mais prendre une heure par semaine devant le Saint-Sacrement serait sans doute un moyen efficace de m’éveiller et devenir un émerveillé. Seigneur, je suis voulant que tu me donnes l’énergie de me résoudre à prendre les moyens de passer à l’action et de persévérer.


2008-07-02

Que faire quand notre pasteur se méfie des rassemblements de prière charismatique?

C’est sûrement une bénédiction quand le pasteur d’une paroisse accueille chaleureusement le Renouveau et vient faire son tour à l’occasion. Tant mieux s’il y a des prêtres très engagés dans le Renouveau qui rendent service de diverses façons, surtout dans les ministères de l’enseignement et de l’appui sacramentel.

Il faut cependant rendre grâce au Seigneur si le curé laisse le groupe de soutien faire son travail de bergers en toute liberté. Le curé a le devoir de veiller et d’encourager le groupe de prière de sa paroisse, mais il a aussi le devoir de le laisser fonctionner selon sa mission propre qui est celle d’être une école de prière pour les laïcs et par les laïcs.

Il s’agit d’équilibre. Les prêtres devraient appuyer le Renouveau sans le dominer. Ils doivent le protéger, servir de tuteur s’il le faut (comme le bâton auquel on attache un plant de tomate qui grandit), mais sans le materner. Ils devraient l’aider à voler de ses propres ailes et le continuer son vol sous la direction du groupe de soutien.

Mais la question du début ne fait pas référence aux prêtres qui prennent bien leur place ou qui prennent trop de place, mais à ceux qui sont hostiles au Renouveau (après 40 ans, il y en a encore!). C’est une croix à porter. Le prêtre en question est peut-être mal informés ou a peut-être déjà été brûlé par certains abus dans le passé.

Que faire? L’aimer, prier pour lui, ne jamais dire du mal de lui, lui rendre service, être ses meilleurs paroissiens. Demander toutes les permissions et faire tous les rapports qu’il faut. Ne pas insister pour qu’il vienne régulièrement aux assemblées, mais l’inviter quand c’est propice: une fête spéciale, une occasion de confesser ou de célébrer l’Eucharistie. Il est de mise, quand il y a une prière avec imposition des mains et qu’un prêtre est présent, de l’inviter à faire partie d’une équipe (même s’il n’a pas l’habitude, même s’il ne fait pas partie du Renouveau, car il jouit de l’onction sacerdotale et sa prière est d’une grande efficacité).

Si un prêtre de votre connaissance est à l’hôpital, pourquoi ne pas mandater une équipe de votre groupe de prière d’aller le visiter, de lui apporter des fleurs et des prières et de lui offrir de prier sur lui (avec discrétion, il ne faut pas lui faire peur).

Malgré votre bonne volonté, et vos efforts, il se peut que le curé reste froid. Soyez le plus positifs possible: se plaindre et critiquer est rarement efficace pour gagner les bonnes grâces de quelqu’un. Peut-être faudrait-il alors faire comme on fait avec nos grands enfants qui ne se comportent pas selon nos valeurs: faire comme si de rien n’était, continuer de prier, d’accueillir et d’aimer. Il faut les porter dans notre coeur et les confier au Seigneur.

Quel est le rôle de la louange dans une assemblée de prière charismatique?

La louange et sa soeur l’action de grâce sont d’une importance fondamentale, primordiale, capitale! C’est l’ingrédient de base, comme la farine dans le pain. Les autres éléments (ce qui a trait à la Parole et à l’intercession) sont importants, utiles, nécessaires, mais la louange est ce sur quoi il faut insister par dessus tout. Si l’on devait choisir entre la louange et l’intercession, il faudrait choisir la louange, en sachant bien que le Seigneur s’occupe des besoins de ceux qui le louent.

Mettons-nous à l’école de saint Paul (1 Corinthiens 14 est la charte des groupes de soutien!), qui distingue prier en français et prier en langues. “Je prierai inspiré par l'Esprit, mais je prierai aussi de façon intelligible; je chanterai inspiré par l'Esprit, mais je chanterai aussi de façon intelligible.” (Verset 15) La prière et le chant en langues sont encouragés, mais la prière et le chant en français sont plus édifiants parce qu’on peut les comprendre (relire tout le chapitre 14).

La louange chantée (idéalement accompagnée de musique) est une caractéristique remarquée du Renouveau. On peut chanter en français, on peut chanter en langues, on peut chanter en y joignant des gestes (lever les mains, frapper des mains, faire des gestes, se balancer, danser, etc.). Une exubérance tempérée (verset 33) est de mise. Le chant de louange fervent est merveilleux, car il favorise dans l’assemblée une unité des coeurs qui plaît sûrement au Seigneur. Un grand merci à ceux et celles qui exercent le ministère de la musique!

La prière de louange peut aussi être dite. Elle adopte souvent une forme litanique (l’assemblée se joint à la louange d’un membre par un répons). Nous imitons ainsi le peuple d’Israël: “Dans la louange et l'action de grâce envers le SEIGNEUR, ils se répondaient: «Car il est bon, car sa fidélité dure toujours pour Israël.» Tout le peuple poussait de grandes ovations en louant le SEIGNEUR, à cause de la fondation de la Maison du SEIGNEUR.” (Esdras 3:11) Une louange spontanée peut se greffer à une parole de l’Écriture ou une parole prophétique, à un enseignement ou un témoignage, ou, tout naturellement, aux paroles d’un chant qu’on vient de terminer. C’est une excellente manière de prier que de se référer à ce qui vient d’être dit ou chanté. Un témoignage est en lui-même une action de grâces, car c’est une façon de louer Dieu pour ses bontés dans le quotidien.

Suivons l’exhortation de Paul: “Soyez remplis de l'Esprit. Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des chants inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur. En tout temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus Christ.” (Éphésiens 5:18b-20)

Que penser de la diversité des groupes de prière?

Cette question peut s’entendre de deux genres de diversité: il y a diverses sortes de groupes de prière et il y a de la diversité chez les groupes de prière charismatiques.

Au début du Renouveau charismatique, il y a une trentaine d’années, quand on disait “groupe de prière”, on voulait dire un groupe de prière “charismatique” (avec effusion de l’Esprit, prière en langues, mains levées, prière sur les gens, primauté de la louange et de la Parole de Dieu). Depuis ce temps, d’autres styles de soirées de prière sont apparus avec diverses particularités et accents spirituels.

Il ne faut jamais dénigrer une forme de groupe de prière dans le but de valoriser celle que l’on préconise. Il y a de la place dans l’Église pour toutes les formes de spiritualités. Il ne faut pas se mettre dans une situation de rivalité comme celle dont parle saint Paul dans 1 Corinthiens 1:11-13 “Il y a des discordes parmi vous... Chacun de vous parle ainsi: AMoi j'appartiens à Paul. B Moi à Apollos. B Moi à Céphas. B Moi à Christ@. Le Christ est‑il divisé?” Si quelqu’un va à un groupe de prière rattaché à Medugorje, bravo! car on a besoin de prier pour la paix avec Marie. Si quelqu’un prie avec le Mouvement sacerdotal marial, bravo! car on a besoin de prier pour les prêtres et pour de nouvelles vocations. Et cétéra!

Certains groupes de prière charismatiques ont dérivé et ne sont plus vraiment charismatiques, car les charismes ne s’y manifestent pas. Bravo quand même! pour les gens qui participent à ces groupes, car le Saint Esprit est actif dès que des gens se réunissent au Nom de Jésus pour prier. L’important, c’est de se respecter, de s’aimer, de se voisiner, car nous sommes tous convaincus de l’importance de la prière individuelle et communautaire.

Les groupes de prière de toutes sortes sont un signe des temps, un mouvement spirituel de renouveau de la fin du XXe siècle qui répond aux besoins de l’Église et du monde. Dans un monde complètement livré à Dieu, chaque chrétien ou chaque chrétienne appartiendrait sûrement à un groupe de prière.

Pour considérer la question du début autrement, veut veut pas chaque groupe de prière charismatique a sa personnalité propre, parce qu’il est composé de personnes différentes et parce que les bergers et le groupe de soutien sont différents. Il y a de la variété, et le Seigneur qui a créé chaque flocon de neige et chaque grain de sable différent de son voisin, aime la variété. Ce qui fait la beauté d’un choeur c’est la diversité des voix qui savent s’harmoniser. C’est normal que chaque groupe soit différent, mais c’est aussi important que chaque groupe soit ouvert aux charismes, afin de mériter à sa manière son titre de groupe “charismatique”.

C’est donc rendre un grand service à l’Église que d’oeuvrer pour que les groupes de prière charismatiques soient vraiment charismatiques. C’est le devoir du Conseil diocésain et c’est le devoir de chaque groupe de soutien de faire tout en son possible pour que chaque groupe de prière charismatique ait des yeux fixés sur Jésus Vivant, des bras levés vers le Père et des voix qui chantent la gloire de Dieu sous la mouvance de l’Esprit.

Quel est le rôle du Renouveau charismatique dans l’Église?

Le Renouveau aide les chrétiens à se ressourcer, à se convertir, à réveiller en eux le Don de l’Esprit Saint. Il y a plusieurs manières de faire partie du Renouveau: en charismatique engagé, en participant occasionnel, en post-charismatique. On pourrait ainsi comparer un groupe de prière à une maison, à une station-service ou à un motel.

Le rôle premier d’un groupe de prière du Renouveau est d’être une école de prière. C’est un endroit pour prier et pour apprendre à prier, pour recevoir le don de la prière. C’est un endroit qui met l’accent sur la prière de louange, la prière spontanée, la prière en langues, la prière chantée. C’est un endroit où l’intercession est encouragée, un endroit où les gens peuvent faire prier sur eux pour l’effusion de l’Esprit ou pour la guérison.

Un autre rôle du Renouveau est la formation spirituelle et doctrinale de ses membres. Les charismatiques sont des personnes qui prennent au sérieux la Parole de Dieu et qui essayent de la comprendre et de la mettre en pratique en la fréquentant assidûment. “Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique.” (Lc 8.21) L’évangélisation et la formation continue sont un souci des membres du Renouveau, qui inventent diverses façon d’annoncer la Bonne Nouvelle.

La vie communautaire est importante dans le Renouveau. Des personnes ont poussé leur engagement jusqu’à se regrouper pour former des “communautés nouvelles”, afin de se soutenir dans leur vie d’enfant de Dieu. C’est excellent, mais le groupe de prière en tant que service de la grande Église ne vise pas à faire de chaque participant un membre permanent ou un membre d’une communauté. C’est normal que des gens viennent seulement à l’occasion (station-service). C’est normal que des gens passent à autre chose après un certain temps (motel). C’est aussi normal et désirable que plusieurs se reconnaissent comme mission de continuer de servir dans et par le Renouveau (maison).

Est-ce que l’engagement social fait partie de la mission du Renouveau? Oui et non. Ce n’est pas le rôle propre d’un groupe de prière de visiter les malades et nourrir les pauvres, etc. Par contre, si, grâce au Renouveau, il s’opère une véritable conversion, l’amour du prochain trouvera toutes sortes de façons de s’exprimer, par toutes sortes de bénévolats et d’engagements. “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile ... pour éduquer dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute oeuvre bonne.” (2 Tm 3:16-17) Le ministère de guérison est, on doit le signaler, un engagement spécifiquement social. Si, grâce à la prière au Nom de Jésus, des gens se redressent et apprennent à marcher, à devenir autonomes et responsables, quel beau service a été rendu à la société!

Avez-vous perçu que le Renouveau touche les quatre axes de la mission de l’Église? “Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.” (Ac 2:42) Le Renouveau est un service d’Église. Comme serviteurs nous devons équiper et envoyer en mission les personnes qui viennent chez nous, sans trop nous inquiéter si elles restent indéfiniment dans nos rangs ou pas. Ce qui importe c’est que les groupes de prière soient des endroits où a lieu l’effusion de l’Esprit, pour que l’Esprit porte du fruit dans tous les domaines de la vie ecclésiale et sociale.

Y a-t-il une marche à suivre pour les veillées de prière?



*Quand vous êtes réunis, chacun de vous peut chanter un cantique, apporter un enseignement ou une révélation, parler en langues ou bien interpréter: que tout se fasse pour l=édification commune.+ (1 Cor 14,26) *Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des chants inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur.+ (Ep 5,19)

1- Est-ce que la louange à Dieu, Père, Fils et Esprit, occupe la plus grande partie de la soirée? Un groupe de prière charismatique est un groupe de prière de louange à Dieu le Père, pour son Fils Jésus, sous la mouvance de l=Esprit Saint. Il faut se demander si on laisse toute la place à l=Esprit Saint, aux inspirations de l=Esprit Saint d=où surgira la louange au Père, à Jésus et à la Trinité. Les chants de louange pourraient inspirer la louange litanique. La prière et le chant en langue feront normalement partie de la soirée.

2- Est-ce que la Parole de Dieu (lectures de textes bibliques, enseignement, prophéties, exhortations, témoignages, etc.) est préparée dans la prière? Il faut planifier, mais il faut aussi laisser de la place à l=action de l=Esprit.

3- Est-ce que l=intercession ne se limite pas seulement aux nécessités des participants mais s=ouvre aux grands besoins de l=Église et du monde? Il faut éviter de se regarder le nombril. Le groupe de prière n=existe pas pour lui-même et pour ses participants, mais pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Certaines intentions doivent être privilégiées: la paix dans le monde, la relève dans les vocations de service dans l=Église.

4- Est-ce qu=on laisse place à l=inspiration du moment? Si l=Esprit-Saint est l=inspirateur de la veillée de prière, chacun et chacune pourra louer le Seigneur et être comblé par le Seigneur. Il y a deux secrets pour cela: (1) Enseigner à tous les participants à toujours se préparer dans la prière avant de venir à une veillée de prière. (2) Avant la veillée de prière, imposer les mains à la personne qui présidera et à la personne qui proclamera la Parole.

5- Est-ce que tout se passe dans l=ordre? L=animateur et le groupe de soutien veillent à garder le contrôle de la soirée en ramenant doucement sur la bonne voie quand le déroulement dévie. Il ne s=agit pas de brimer l=Esprit, mais de maintenir un certain ordre, une certaine structure. Si les déviations sont trop fréquentes ou souvent dues à la même personne, il y aurait lieu de présenter un enseignement général ou personnel.

Ceci dit, voici une structure souple qui a fait ses preuves:

- Chant à l=Esprit-Saint comme introduction

- Période de louanges, d=actions de grâces, de chants, de prière et de chants en langues, etc.

- Proclamation de la Parole et enseignement (messages en langue avec interprétation)

- Période de louanges à partir de la Parole

- Prières de demande (pour soi) et d=intercession (pour les besoins du monde)

- Courts témoignages et annonces

- Chant à la Vierge comme conclusion

- Après la soirée, il peut y avoir prière individuelle d=intercession avec imposition des mains.

- Il est aussi recommandé qu=il y ait un temps de fraternisation avec un petit goûter si possible.

Quels sont les ministères dans un groupe de prière?

Le mot * ministères+ veut dire ici *services+, *fonctions+, *rôles+. Comme le dit saint Paul, une communauté chrétienne (=un groupe de prière) est comme le corps humain qui a diverses fonctions. Certaines ont l=air plus importantes, mais toutes sont nécessaires, comme l=enseigne saint Paul.

Ro 12,3-8: *Nous avons des dons qui diffèrent selon la grâce qui nous a été accordée. Est‑ce le don de prophétie? Qu=on l=exerce en accord avec la foi. L=un a‑t‑il le don du service? Qu=il serve. L=autre celui d=enseigner? Qu=il enseigne. Tel autre celui d=exhorter? Qu=il exhorte. Que celui qui donne le fasse sans calcul, celui qui préside, avec zèle, celui qui exerce la miséricorde, avec joie.+

1 Cor 12,4-31: *À l=un, par l=Esprit, est donné un message de sagesse, à l=autre, un message de connaissance, selon le même Esprit; à l=un, dans le même Esprit, c=est la foi; à un autre, dans l=unique Esprit, ce sont des dons de guérison; à tel autre, d=opérer des miracles, à tel autre, de prophétiser, à tel autre, de discerner les esprits, à tel autre encore, de parler en langues; enfin, à tel autre, de les interpréter. Mais tout cela, c=est l=unique et même Esprit qui le met en oeuvre, accordant à chacun des dons personnels divers, comme il veut.+

Ep 4,11-16: *Les dons qu=il a faits, ce sont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et catéchètes, afin de mettre les saints en état d=accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ.+

Ces textes sont à relire en contexte et à méditer, car ils font plus que donner des listes. Ils cherchent à inculquer un esprit de service. Si je comprend bien, ce n=est pas normal que qu=une ou deux personnes fassent tout dans un groupe de prière. Il faut partager les responsabilités. Il faut discerner les talents de chacun et inviter chacun à faire sa part. Dans un groupe de prière, il peut donc y avoir divers ministères:

- l=animation,

- la musique,

- l=enseignement,

- les prophéties,

- l=accueil,

- la prière sur les gens,

- la préparation matérielle, etc.

Quelqu=un qui veut faire sa part trouvera toujours moyen de collaborer à la bonne marche de l=assemblée. Chaque participant peut et doit s=engager selon ses possibilités. Même si quelqu=un n=a pas une tâche déterminée, il peut participer en apportant une louange, une intercession, un témoignage, un texte de la Parole.

Pourquoi faut-il un groupe de soutien dans un groupe de prière?

Le coeur du groupe de prière est le groupe de soutien qui a pour fonction de voir au bon fonctionnement de l’assemblée. Chaque groupe de prière étant unique, il est normal que les groupes de soutien manifestent de la diversité dans leur structure et leur fonctionnement (fréquence des rencontres, lieu des rencontres et personnes invitées à la rencontre). Comme les rencontres des groupes de soutien sont très importantes, il faudrait un minimum de rencontres, soit deux fois par mois. Idéalement, le groupe se réunit entre les veillées de prière, afin de prier ensemble, de prendre dans le discernement les décisions qui favoriseront le bon fonctionnement du groupe de prière, de créer dans le groupe de soutien une unité qui se déversera sur le groupe de prière.

La vitalité du groupe de prière dépend de la vitalité du groupe de soutien. Il fut apprécier et appuyer les personnes qui répondent à l’appel du Seigneur pour se consacrer à la bonne marche du groupe de prière et des soirées de prière. Si un groupe de prière sent qu’il est en perte de vitesse et de ferveur, il y aurait lieu de prier sérieusement pour que le Seigneur inspire les responsables actuels et qu’il en suscite de nouveaux.

On nomme parfois les personnes responsables *Bergers+. Cela indique bien comment ces personnes doivent se modeler sur le Bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis. Ce n’est pas un honneur d’être membre du groupe de soutien, c’est un service à rendre, une mission à assumer, parfois une croix à porter. Le groupe de soutien n’est pas réservé à une élite, mais à des serviteurs et des servantes... Le rôle du groupe de soutien est avant tout pastoral. C’est un peu comme le rôle du père et de la mère (de la mère et du père) dans une famille nombreuse.

Puisque la première responsabilité du groupe de soutien est la bonne marche de la soirée de prière, il comptera le nombre de membres nécessaires (au moins trois) pour assurer que les participants louent le Seigneur, entendent la Parole de Dieu, expérimentent la fraternité. Le groupe de soutien a comme rôle principal de prier pour que l’Esprit Saint soit agissant, afin que la prière se fasse sous la mouvance de l’Esprit Saint. Les personnes qui appuient les bergers et les bergères dans leur charge se préparent dans la prière et sont à l’écoute de ce que le Seigneur veut susciter. Au cours d’une veillée de prière charismatique, il faut laisser la place à l’expression des charismes, sous la direction de l’animateur.

Comment choisir un nouveau membre pour le groupe de soutien? Il ne faut pas se presser, mais le demander dans la prière et attendre dans la foi que le Seigneur parle. Le groupe choisira une personne qui a fait le Séminaire dans la Vie de l’Esprit, une personne qui se consacre quotidiennement à un temps de prière personnelle et à la lecture de la Parole, qui s’est engagée pour intercéder et qui s’implique déjà dans le bon fonctionnement de la soirée de prière. Il faut que cette personne soit disponible pour assister aux rencontres du groupe de soutien et qu’elle accepte de se soumettre au discernement du groupe de soutien si nécessaire.

Un chrétien «pratiquant»

Je veux reprendre et élaborer quelques-unes des bonnes idées de mon curé de la messe sur semaine. Il signale que tous les gens qui se considèrent comme des chrétiens «pratiquants» ne fréquentent pas nécessairement la messe du dimanche. Il soutient avec raison qu’on pourrait distinguer trois sortes de pratiques de la foi. Je veux élaborer sur son schéma en ajoutant la dimension privée et la dimension publique, ce qui ferait six sortes de pratiquants. Il est possible que ce schéma s’applique aux autres religions, même non chrétiennes.

Distinguons d’abord la pratique privée de la pratique publique. Certaines personnes prient dans leur chambre mais ne prient pas avec leurs frères chrétiens. Ils sont de l’Église, mais ne fréquentent pas les églises. Pour eux la dimension sociale de la foi importe peu, mais ils continuent quand même dans leur for intérieur à croire en Dieu et en son Fils Jésus, et à garder le lien de la prière fréquente. Sans les juger, il me semble que l’être humain, étant social, relationnel de par sa nature, il est important que la foi soit visible et communautaire, autant qu’une affaire de cœur et de conviction personnelle.

Les trois façons de pratiquer signalées par mon curé sont les suivantes. Il y a ceux et celles qui pratiquent surtout en prenant part aux rassemblements dominicaux, qui sont intégrés à une paroisse. Il y a ceux et celles qui fréquentent la Parole de Dieu, soit directement, soit par des rassemblements, des cours, des lectures, etc. Il y a aussi ceux et celles qui s’engagent pour la justice sociale (l’aide du prochain, qui se diversifie à l’infini).

Autant dire tout de suite qu’un chrétien équilibré cultive ces trois formes de pratique de l’Évangile, en privé et en public, chacun selon sa vocation, son tempérament, ses circonstances de vie. On est tous différents et on ne peut pas tous faire la même chose, comme le dit saint Paul en comparant l’Église au corps humain, si diversifié en ses organes.

Individuelle

Sociale

Vie personnelle de prière

Vie sacramentelle et liturgique

Pratique d’une charité relationnelle (aider les «pauvres» un à la fois)

Recherche en équipe de la justice sociale (action concertée au niveau des causes)

Fréquentation individuelle de la Parole de Dieu

Fréquentation de la Parole dans des regroupements


Dans notre notre paroisse, l’on favorise une présentation de la vie chrétienne selon quatre axes : a) l’annonce de l’Évangile, b) la justice sociale, c) être une famille paroissiale accueillante, d) des célébrations liturgiques vivantes. Nous rejoignons les trois formes de pratique et la dimension communautaire. C’est dans la mesure où une «paroisse» intègre les diverses formes et dimensions de la pratique qu’elle devient une «communauté chrétienne».

Chacun peut privilégier un ou plusieurs de ces six domaines, mais sans en délaisser aucun, car l’Évangile n’est pas un buffet où l’on choisit à son gré, mais une banquet où tous les mets présentés sont importants pour une bonne santé.

Avez-vous perçu que nous touchons aux quatre axes de la mission de l'Église? «Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.» (Ac 2:42)