SCRIBE

--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2009-01-06

Le message final du Synode sur la Parole de Dieu

Voici un résumé personnel du «Message du synode sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église», approuvé le vendredi 24 octobre 2008, au terme de la XIIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Les pères nous proposent un voyage spirituel en quatre étapes.
I. LA VOIX DE LA PAROLE: LA RÉVÉLATION
a) La création: La première révélation de Dieu est le livre de la création où nous pouvons lire le message de Dieu Créateur.
b) L’histoire: La Parole de Dieu est agissante et salvatrice dans l’histoire des humains. Il y a une présence divine dans les événements humains, qui sont inscrits dans un plan d’amour, un dessein de salut.
c) Les Saintes Écritures: La Parole de Dieu se manifeste aussi dans les Écritures qui sont un mémorial attestant l’événement de la Révélation créatrice et salvatrice. La Parole de Dieu précède et dépasse la Bible écrite, qui est cependant inspirée par Dieu et qui présente la Parole divine efficace.
d) La Personne de Jésus Christ: Notre foi n’a pas en son centre uniquement un Livre, mais une Histoire de salut et une Personne, Jésus Christ, révélateur du Père, Parole de Dieu faite chair.
e) La Tradition: Parce que l’horizon de la Parole divine embrasse et s’étend au-delà de l’Écriture, la présence constante de l’Esprit est nécessaire. La grande Tradition est la présence efficace de l’Esprit dans l’Église, gardienne et communicatrice des Saintes Écritures.
II. LE VISAGE DE LA PAROLE: JÉSUS-CHRIST
En Jésus Christ, donc, la Parole éternelle et divine entre dans l’espace et dans le temps, prend un visage et assume une identité humaine («le Verbe s’est fait chair»).
La Tradition chrétienne a souvent mis en parallèle la Parole divine qui se fait chair avec cette même Parole qui se fait livre. «Les Paroles de Dieu, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage des hommes, tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant assumé les faiblesses de la nature humaine, se fit semblable aux hommes.» (Vatican II, Dei Verbum, 13)
Cette dimension «charnelle» fait que l’Écriture nécessite une analyse historique et littéraire (l’exégèse biblique). La connaissance exégétique doit s’insérer dans la Tradition spirituelle et théologique, pour que ne soit pas brisée l’unité divine et humaine de Jésus-Christ et des Écritures.
L’ensemble des Écritures témoigne d’un seul dialogue entre Dieu et l’humanité, prolongé dans le temps, en un dessein unique de salut. Parce qu’au cœur de la Révélation, il y a la Parole divine devenue visage en Jésus Christ, la visée ultime de la connaissance de la Bible est le contact avec un Événement, la rencontre avec une Personne.
III. LA MAISON DE LA PAROLE: L’ÉGLISE
L’Église continue d’être la gardienne, l’annonciatrice et l’interprète de la Parole. «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et dans les prières». (Actes 2,42) Quatre colonnes soutiennent la maison de la Parole qu’est l’Église.
a) De l’Église, maison de la Parole, provient la voix enseignante qui propose à tous le kérygme, annonce première et fondamentale du salut. Dans l’Église résonne ensuite la catéchèse, destinée à approfondir chez le chrétien l’intelligence du mystère du Christ à la lumière de la Parole. Le point culminant de la prédication réside dans l’homélie, où le ministre devrait se transformer également en prophète.
b) Dans l’Église, maison de la Parole, la fraction du Pain eucharistique succède à l’homélie. «L’Église a toujours témoigné son respect à l’égard des Écritures, tout comme à l’égard du Corps du Seigneur lui-même, puisque, surtout dans la Sainte Liturgie, elle ne cesse de prendre le Pain de Vie et de le présenter aux fidèles, à la table de la Parole de Dieu comme à celle du Corps du Christ.» (Vatican II, Dei Verbum, 21)
c) La troisième colonne de l’Église, maison de la Parole, est constituée par les prières. Une place privilégiée est naturellement occupée par la Liturgie des Heures, les célébrations communautaires de la Parole et la pratique de la Lectio divina (lecture orante du Texte sacré, méditation, prière et contemplation).
d) La dernière colonne qui soutient l’Église, maison de la Parole, est la communion fraternelle. Pour devenir frères et sœurs de Jésus, il faut être «ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique». (Luc 8, 21) Les autres Églises et communautés ecclésiales partagent avec nous la vénération et l’amour de la Parole de Dieu, principe et source d’une première et réelle unité.
IV. LES CHEMINS DE LA PAROLE: LA MISSION
La communication, de nos jours, s’étend en un réseau qui enveloppe le globe. La voix de la Parole divine doit résonner à travers la radio, l’internet, les CD, les DVD, etc. Elle doit apparaître sur les écrans de télévision et de cinéma, dans la presse, au sein des événements culturels et sociaux. En un temps dominé par l’image, le modèle privilégié par le Christ est encore aujourd’hui significatif et suggestif: il avait recours au symbole, à la narration, à l’exemple, à l’expérience quotidienne, à la parabole.
La famille est un espace fondamental dans lequel doit entrer la Parole de Dieu. La transmission de la Parole de Dieu se fait à travers la lignée des générations, ce qui fait que les parents deviennent les premiers à faire connaître la foi.
Dans les Écritures, ce qui domine surtout est la figure du Christ, lui qui débute son ministère public par une annonce d’espérance: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.» (Luc 4, 18-19) Dans sa solidarité d’amour et par le sacrifice de lui-même, le Christ dépose, dans la limite et dans le mal de l’humanité, une semence de divinité, un principe de libération, nous ouvrant l’aube de la résurrection. Le chrétien a donc la mission d’annoncer la Parole divine d’espérance par son partage avec les pauvres, par le témoignage de sa foi dans le Royaume, par sa proximité amoureuse avec les souffrants.
Sur les chemins du monde, la Parole divine engendre une rencontre et un dialogue avec le peuple juif d’abord, ainsi qu’avec l’Islam, les grandes traditions religieuses de l’Orient, les religions traditionnelles, etc. La Bible est nécessaire, non seulement aux croyants mais à tous, afin de redécouvrir les significations authentiques des diverses expressions culturelles et surtout pour retrouver notre propre identité historique, civile, humaine et spirituelle.
Mais la Parole de Dieu n’est pas enchaînée à une culture. L’Église doit faire pénétrer la Parole de Dieu dans la pluralité des cultures et l’exprimer selon leurs langages, leurs conceptions, leurs symboles et leurs traditions religieuses, tout en conservant la véritable substance de ses contenus. L’Église doit faire briller les valeurs que la Parole de Dieu offre aux autres cultures, afin qu’elles en soient purifiées et fécondées.
CONCLUSION
Approchons-nous de la table de la Parole de Dieu, de manière à nous en nourrir et à en vivre. Faisons résonner la Parole de Dieu au début de notre journée afin que Dieu ait le premier mot et laissons-la retentir en nous le soir afin que le dernier mot soit de Dieu.