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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2008-01-22

At-one-ment


La «Semaine de l'unité» ou plus précisément la «Semaine de prière pour l'unité des chrétiens» est une occasion de réfléchir, et surtout de prier, devant le triste constat de notre désobéissance au Christ qui nous veut rassemblés dans l'unité.

Cette année, la Semaine a un relief particulier, car c'est un 100e anniversaire. L’«Octave pour l’unité de l’Église» fut célébrée pour la première fois en 1908, à l’initiative du Père Paul Wattson, prêtre épiscopalien et cofondateur de la Society of the Atonement (les Frères et les Sœurs franciscains de la Réconciliation). Le mot anglais «atonement» peut se lire «at-one-ment», voulant donc dire «redevenir un», ce qui est le sens du mot français «réconciliation». Cette semaine, l'Église catholique propose avec raison de se servir de la Prière eucharistique pour la réconciliation.

Le souci œcuménique n'est pas seulement celui de l'Église catholique, mais aussi celui du Conseil œcuménique des Églises (le COE fut fondé en 1948), qui est un forum ayant pour but l'unité de l'Église du Christ. C'est un endroit où les 347 Églises membres peuvent s'asseoir pour se parler et réfléchir, prier, travailler ensemble. La Commission de Foi et Constitution (CFC) y a un rôle primordial à jouer. Son but est de rassembler des théologiens de diverses communions pour étudier les difficultés théologiques et pratiques qui empêchent l'unité. Le document «Baptême, Eucharistie, Ministère» est depuis 1982 un document de référence d'une grande autorité morale.

Ce n'est qu'en 2011 que les orthodoxes et autres chrétiens célébreront la fête de Pâques à la même date. Il me semble que de grands efforts de conciliation devraient porter sur ce point. Malheureusement, si une méthode astronomique de décider de la date de Pâque était établie conjointement, cela demanderait un plus grand ajustement de la part de nos frères orthodoxes...

Une initiative intéressante serait l'établissement d'un calendrier conjoint des saints . Il me semble que les nombreux chrétiens non catholiques qui ont versé leur sang pour leur foi au Christ au cours du 20e siècle sont dignes de vénération autant que les catholiques. Je suis plein d'admiration devant la photo du portail de l'abbaye catholique de saint Maurice, en Suisse (http://www.wcc-coe.org/wcc/press_corner/martyrsdoor.html). Chaque pierre est gravée du nom d'un martyr de la foi; les appartenances confessionnelles et d'origines y sont très diverses. La CFC invite donc les Églises à regarder ailleurs que dans leur cour pour trouver des témoins de la foi.

Un domaine où la coopération entre les Églises est facile et fructueuse est le travail pour la justice sociale, notamment pour l'éducation et la plaidoirie. Au Canada, Kairos est un modèle du genre. Si je comprends bien, l'Église catholique n'est pas membre à part entière du Conseil œcuménique des Églises. Mais elle l'est sûrement de Kairos, car le président est un religieux-prêtre catholique, et trois des dix membres sont des instances catholiques: la Conférence des évêques catholiques du Canada, la Conférence religieuse canadienne, Développement et Paix (dont je suis membre actif, étant secrétaire du conseil diocésain francophone d'Ottawa).

La CFC juge qu'on pourrait se mettre d'accord sur le contenu de la foi apostolique en s'entendant sur la compréhension du symbole de Nicée-Constantinople, qui est un résumé de l'essentiel de la foi. Les Églises déjà unies ou en voie d'union ont plusieurs défis à relever; le dialogue sur ce qui rassemble et ce qui divise est loin d'aboutir à des résultats spectaculaires, mais il faut espérer et persévérer. Nous sommes invités au renoncement: être prêt à mettre de côté des marques identitaires superficielles pour coller à l'essentiel d'une foi commune à conserver ou à reconquérir. Il ne s'agit pas d'une recherche du plus bas commun dénominateur, mais de renouer avec la foi apostolique et patristique, sans sacrifier la vérité.

On est loin (sauf miracle) de voir la lumière au bout du tunnel œcuménique, mais nous ne faisons pas fausse route en priant ensemble pour que le projet du Père de nous rassembler en son Fils se réalise un jour.