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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2005-08-20

JMJ et Taizé

L’assassinat de Frère Roger Schutz au moment où vont se dérouler les JMJ rappelle le lien entre les Conciles des jeunes organisés par Taizé depuis 1974 et les Journées mondiales de la jeunesses mises sur pied depuis 1986 à l’initiative de Jean-Paul II. On sait les liens d’estime, voire d’amitié qui reliaient ces deux géants de la foi chrétienne. Carol W. est allé plusieurs fois à Taizé et Frère Roger allait visiter le pape une fois par année. Ils étaient sur la même longueur d’onde, il va sans dire.

Frère Roger n’a jamais renoncé à son allégeance à sa confession protestante d’origine, mais il communiait assez pleinement à la foi catholique pour participer pleinement à l’Eucharistie catholique en y recevant le Corps du Christ. Je me demande si un tel serviteur du Christ pourrait être béatifié dans l’Église catholique? De toute façon, il est digne de notre vénération pour son engagement indéfectible à la cause de l’unité chrétienne, européenne et humaine. Le travail pastoral de sa communauté qui rejoint les jeunes de la planète est une instance remarquable d’attention aux signes des temps et d’institutionalisation d’un charisme.

Je présume que les jeunes qui visitent Taizé et/ou qui participent aux Conciles des jeunes depuis plus d’un quart de siècle sont la même race de monde que ceux et celles qui accourent pour rencontrer le pape lors des JMJs (les fervents, les périphériques et les curieux). Des jeunes qui négligent la messe du dimanche manifestent de l’engouement pour ces rassemblements de masse à forte densité spirituelle... Est-ce une recherche d’ambiance? Une quête de sens? L’attirance de personnalités charismatiques? Un désir de fraternité universelle? Une soif de spiritualité?

J’ai moi-même participé à un rassemblement de Taizé qui m’a marqué, à Bury, au Québec, en 19–, et j’ai participé depuis à de nombreux congrès charismatiques de grande envergure. Il est certain que l’élément fraternité, l’effet de foule, fait partie de l’attraction pour les grands rassemblements qu’ils soient religieux ou séculiers. Cependant, l’élément prière et enseignement catéchétique y est si marquant que les jeunes en seraient rebutés si cela ne faisait pas aussi partie de ce qu’ils recherchent, peut-être sans le savoir.

Est-il probable que les rassemblements de Taizé et des JMJ vont évoluer ou même disparaître parce que les fondateurs sont eux-même passés à un monde meilleur? Les deux leaders influençaient autant par leur personne que par leurs paroles. Il semble toutefois que c’est autant la force de l’Esprit que la force de leur personnalité qui insufflait la vie aux rassemblements qu’ils présidaient. L’un et l’autre étaient des disciples du Christ, de fidèles serviteurs qui mettaient leur talent au service de l’Église et de l’humain. Taizé et les JMJ sont des mouvements, avec une fluidité qui leur a permi d’évoluer selon les circonstances historiques et géographiques. Je crois qu’ils continueront, peut-être avec moins d’envergure , mais avec autant d’efficacité pastorale.

Y a-t-il une relation de filiation entre les deux activités? Sûrement que le style des JMJ est influencé par le style de l’expérience des rencontres de Taizé. L’aspect musical, méditatif, festif, catéchétique, etc. y est semblable. L’influence de l’un et de l’autre est peut-être éphémère pour beaucoup des participants, mais pour un bon nombre elle permet d’intégrer des valeurs chrétiennes et parfois de réintégrer le bercail de la communauté chrétienne. Un élément de l’héritage de Frère Roger et de Jean-Paul II est semblable: une confiance indéfectible dans la capacité de la jeunesse d’accueillir favorablement le message et la personne de Jésus-Christ.