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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2007-11-19

Il y a des centaines de sacrements.


Évidemment, il faudrait que je définisse ce que j'entends ici par «sacrement». J'ai en mémoire que «les sacrements sont des signes sensibles institués par Jésus-Christ pour nous donner la grâce» et je sais que l'Église catholique nous dispense sept Sacrements. Sans vouloir invalider cette définition et cette limite de sept, je veux apporter trois commentaires et des réflexions.

a) Il me semble que la définition officielle par l'Église des sept Sacrements dont nous jouissons présentement est pleine de sagesse et inspirée, mais qu'elle est l'aboutissement d'un long tâtonnement de la part des générations chrétiennes des premiers siècles. Certains gestes rituels (je pense au lavement des pieds, aux bénédictions solennelles) ont été longtemps considérés des «sacrements» au même titre que ceux que nous acceptons aujourd'hui. Je sais que l'Église a fini par distinguer les Sacrements et les sacramentaux. Le fait est qu'il y a dans l'Église et dans la création une multitude de signes sensibles qui confèrent la grâce.

b) Le nombre sept est en soi un nombre commode pour des raisons symboliques. Qui dit «sept» implique souvent une idée de perfection, de plénitude, de totalité. Sept a une valeur sommative. Les sept Sacrements majeurs ont été choisis pour leurs liens avec la vie humaine et chrétienne. Ils ont été ritualisés afin de revêtir une efficacité certaine au niveau de la transmission de la grâce. Dans leur ensemble, ils veulent rejoindre la vie du croyant en sa totalité. Il me semble que l'existence de sept Sacrements officiels est une invitation à adopter une vision sacramentelle de la vie, qui ferait que tout élément de la réalité puisse devenir un signe d'amour que le Dieu d'Amour nous fait.

c) Il me semble juste de dire que le Christ est le premier Sacrement de Dieu, que l'Église est le premier Sacrement du Christ, que la communauté paroissiale est le premier Sacrement de l'Église, que la Célébration eucharistique dominicale est le premier Sacrement de la communauté paroissiale. Dans ces quatre affirmations, le mot «premier» veut dire «principal, primordial, plus important».

Vous comprenez sans doute déjà dans quel sens je peux affirmer qu'il y a des centaines de sacrements (avec un petit «s»)? Dans le même sens que l'on dit que "tout est grâce" ou que «les réalités d'ici-bas nous révèlent les réalités d'en haut». Dieu est Amour et absolument tout ce qui révèle que Dieu est Amour est pour moi une sorte de sacrement. C'est évident que les sept Sacrements officiels sont des célébrations qui peuvent nous révéler l'amour de Dieu d'une façon extraordinaire. Elles agissent selon les dispositions des bénéficiaires et l'habileté des célébrants. (Je sais très bien que les Sacrements sont efficaces en soi, mais le signe peut être bâclé et mal atteindre son objectif).

De nombreuses expériences humaines sont révélatrices de l'Amour de Dieu et sont ainsi sacramentelles. La vision catholique du monde en est une où notre Dieu aimant est présent partout, en tout, à travers tout: son Amour est transcendant, immanent et transparent. Surtout dans les manifestations de la beauté, de la vérité, de la bonté et dans le plaisir qu'elles procurent. Si quelque chose me fait penser à Dieu-Amour, il y a du sacrement là-dedans. On ne peut pas vraiment cerner la réalité totale de Dieu, mais la création est truffée d'indices qui nous aident à nous faire une petite mais juste idée de qui il est.

Je pense en particulier que toute relation d'amour réussie est une révélation de notre Dieu trinitaire qui est Relation d'Amour, à l'intérieur et à l'extérieur de la Trinité. Chaque geste d'amour dont je suis bénéficiaire ou témoin est un sacrement qui me révèle qu'un Dieu aimant est à l'œuvre. Même les choses cruelles et laides ou les amours tordues peuvent médiatiser Dieu en ce sens qu'elles me font ressentir l'«absence» de Dieu dans ces situations. C'est comme des espaces sauvages dans la réalité que Dieu aspire à combler et qu'il nous invite à coloniser en son nom par l'amour.

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