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--- Réflexions personnelles en marge de mon actualité, à la mémoire de Jean Paul II --- Blogue catholique francophone ---

2006-10-16

Muhammad Yunus

Le prix Nobel de la paix va cette année autant à une idée lumière qu'à un homme et une institution remarquables. Muhammad Yunus (le «banquier des pauvres», le «prêteur d'espoir») est le fondateur de la Banque Grameen. C'est lui qui a popularisé le concept de microcrédit et de microfinance. L'ONU avait déclaré 2005 Année internationale du microcrédit, mais le prix Nobel de cette année et le Sommet international du microcrédit qui aura lieu à Halifax du 11 au 15 novembre aideront à renseigner les Canadiens sur cette forme d'aide financière aux gagne-petit du Sud.

En une phrase: le microcrédit est le prêt d'une somme minime à un intérêt minime à une personne dans le besoin pour lui permettre de s'aider elle-même à sortir de la misère. Le grand Yunus s'est révélé un visionnaire audacieux quand il a commencé à prêter de sa poche, à des gens nécessiteux, sans garantie, pour qu'ils puissent commencer leurs microentreprises. Sa confiance en la nature humaine ne fut pas déçue: paraît-il que les emprunts sont remboursés à 96 %. La Banque Grameen est aujourd'hui une des institutions financières les plus puissantes au Bangladesh et elle a fait des petits et suscité des imitateurs partout dans le monde.

Des millions de nos concitoyens sont sans le savoir partie prenante de cette forme d'aide sociale, car ils soutiennent financièrement Développement et Paix (lors de la Campagne Carême de Partage et grâce à la formule Partagens). En effet, D&P privilégie le microcrédit, notamment dans de nombreux pays d'Afrique (Bénin, Madagascar, Nigéria, Rwanda, Togo). Ce sont très souvent les collectives de femmes qui bénéficient du microcrédit et qui le gèrent. Je me souviens d'une séquence d'un film de D&P, donnant l'exemple de femmes africaines qui avaient monté grâce à un microprêt une petite entreprise qui produisait et vendait de l'huile de noix de coco pour la cuisson des aliments.

D&P n'est pas la seule ONG qui se sert de microcrédit pour aider les petits entrepreneurs du Sud, loin de là. De plus, la formule de microcrédit trouve des preneurs chez nous. Dans le Sud, il peut s'agir d'un prêt de 25 $ ou de 250 $, alors que dans notre pays, c'est plutôt de l'ordre de 2,500 $ ou de 25,000 $, mais le principe est le même, celui d'aider des emprunteurs qui ne peuvent obtenir de crédit auprès des sources conventionnelles. C'est une forme d'économie sociale qui s'apparente à celle des caisses populaires à leur origine.

Au Québec, par exemple, le mouvement du crédit communautaire s'inspire du concept de Muhammad Yunus en l'adaptant aux diverses réalités des régions. Le Réseau québécois du crédit communautaire réussit à obtenir un retour de 90 % de ses prêts grâce à une formule d'accompagnement suivie et serrée. C'est une action éducative et sociale autant que financière, qui permet à des chômeurs ou à des travailleurs précaires de s'en sortir et de devenir des travaillers autonomes et des petits entrepreneurs. C'est du capitalisme social enraciné! En Outaouais, le Cercle d'emprunt d'Option Femmes Emploi, fait partie du RQCC.

Le concept génial de monsieur Yunus a porté fruit grâce à son audace remarquable, son engagement personnel, son travail acharné, sa persévérance. Longue vie à cet innovateur qui a promis d'investir l'argent gagné dans la fabrication d'aliments nutritifs pour les pauvres de son pays, à des prix abordables .

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