Le Prince de la Paix

Mon aîné dans son enfance avait répondu sagement à la question «Que veux-tu pour Noël?»: «Je veux la paix dans le monde.» J'aurais bien voulu la lui donner, mais cela dépassait mes moyens. Depuis le temps que l'on demande la Paix au Seigneur à chaque Célébration eucharistique, il semblerait que cela dépasse ses moyens à lui aussi.

Je pense qu'il ne veut pas nous imposer sa Paix. Il nous l'offre, il nous la donne et il nous la redonne, et nous sommes trop imbéciles pour accepter ce cadeau. Il nous remet la responsabilité de construire la Paix en mettant à notre disposition tous les moyens nécessaires. Le Bon Dieu nous respecte infiniment et il ne nous force jamais. Il déverse plus de grâce qu'il n'en faut sur la Planète pour que celle-ci soit un Paradis terrestre pour tous ses habitants, si nous n'avions pas le cœur si dur, l'oreille si sourde, les yeux si bouchés. S'il y avait plus de saints, de priants sur la Terre, sans doute qu'il y aurait plus de Paix.

Je parle pour moi d'abord. Je suis le premier à ne pas faire assez pour être un artisan de Paix. À ne pas prier assez fort pour la Paix dans mon cœur, dans ma famille, dans mon pays, dans tous les continents. Mes moyens concrets d'action sont très limités, mais pas ma ma possibilité de prier mieux. Je manque de foi dans la différence que la prière peut faire. Je ne prends pas assez au sérieux ma responsabilité de prier pour la Paix.

Notre pauvre Terre est tourmentée par des conflits armés, par des guerres civiles ou entre les nations. Ces conflits ne sont pas les seules atteintes à l'intégrité de la planète (pensons aux épidémies, aux famines, aux catastrophes écologiques, etc.), mais les morts et les séquelles dues aux guerres intestines et interétats divertissent des milliards qui pourraient servir à déraciner les causes de la maladie et de la pauvreté partout dans le monde. La distribution et la redistribution des richesses pourraient se faire sans que les nantis aient à se priver de leurs luxes.

L'Afrique est déchirée par des guerres qui semblent alimentées autant par des intérêts commerciaux étrangers que par des animosités raciales, religieuses ou idéologiques locales. Les civils (les non-combattants) comptent pour les trois quarts des victimes de guerre. La pauvre Afrique est martelée depuis un quart de siècle par les hécatombes horribles. Pensons seulement à ces pays: l'Angola, le Burundi, le Congo-Kinshasa, le Liberia, le Rwanda, la Somalie, le Soudan. On ne peut que sous-estimer les dommages sociaux et économiques engendrés par ces conflits! Les survivants seront acculés à mourir de faim ou à vivre dans la misère.

Je ne parle pas des conflits au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Je ne touche pas au terrorisme et à la guerre au terrorisme. La complexité de ces situations en font de véritables poudrières qui pourraient causer un conflit généralisé qui envahirait toutes les régions de la Planète. Il serait décourageant de trop songer à l'empoisonnement de la planète par un échange de bombes atomiques: les vents qui peuvent charrier les cendres d'un volcan partout dans le monde auraient tôt fait de distribuer partout des poussières radioactives.

Cette réflexion me déprime et je ne vois aucune autre issue que d'en appeler instamment à la miséricorde et à la patience du Seigneur. C'est un beau gâchis et peut-être faudra-t-il que le Ciel s'en mêle pour mettre de l'ordre en notre demeure. Le Prince de la Paix devra-t-il revenir sur Terre pour que la Paix et la Justice y règnent?

Viens Seigneur Jésus, nous t'attendons avec impatience. Si tu ne viens pas bientôt pour la Planète, viens au moins aujourd'hui dans nos pauvres cœurs pour faire de nous des guerriers de la prière pour la Paix.